Majestueuse Province à la beauté sauvage, Ha Giang abrite quelques pépites connues comme le géoparc de Dong Van ou encore les rizières en terrasse de Hoang Su Phi. Ces terres âpres et austères hébergent également plusieurs communautés locales, chacune fièrement attachée à ses racines, ses traditions et sa culture. Lung Tam fait partie de ces villages d’ethnie H’Mong créés relativement récemment, qui permet à ses membres de gagner un salaire décent tout en leur offrant la possibilité de préserver et mettre en valeur leur patrimoine culturel et artisanal.
Lung Tam appartient au district de Quan Ba, dans la province septentrionale de Ha Giang. Quan Ba est connu pour ses collines paisibles et sa fameuse Porte du Ciel. En partant de Ha Giang, vous parcourrez une cinquantaine de kilomètres jusqu’aux collines jumelles de Quan Ba et passerez la Porte du Ciel. De là, en vous dirigeant vers le Nord direction Tam Son, vous ne tarderez pas à traverser une vallée verdoyante tapissée de champs de chanvre. Attention, la route est très sinueuse ! Au virage numéro 7, prenez à main droite pour Lung Tam. Un portail vous indiquera que vous êtes arrivé à Lang Lung Tam. Si vous n’êtes pas sûr de vous, n’hésitez pas à demander conseil ou vous faire accompagner par une agence locale francophone.
Traverse par la rivière Mi et entouré de pics rocheux embrumés, Lung Tam est un petit village du Nord du Pays. Il a été fondé au tout début du tourisme communautaire, en 2001, sur une initiative des femmes Hmong de la région. Deux ONG sont venues les épauler : Craft Link en 2002 et Batik International, en 2009. Les premiers temps, la structure a eu du mal à connecter ses savoir-faire avec le tourisme, mais les choses ont bien évolué depuis – même si la pandémie de Covid-19 a, comme malheureusement un peu partout, fait ici aussi des dégâts. Fort de ses expériences dans le commerce équitable, le village exporte aujourd’hui dans plus de 20 pays. S’il y a encore des améliorations à apporter, notamment en termes d’interactivité avec les touristes, Lung Tam offre désormais une destination intéressante, tant au niveau de ses paysages que de son artisanat et bien entendu de ses valeurs culturelles et humaines.
Pour une immersion totale dans le mode de vie d’un village artisanal H’mong, il est chaleureusement conseillé de passer une nuit sur place. Pour cela, demandez à une agence de voyage solidaire de s’en occuper, c’est le plus simple, le plus sûr et le plus rapide pour vous.
Visiter un village comme Lung Tam, ce n’est pas uniquement « faire du tourisme », c’est participer à un tourisme équitable tout en découvrant un artisanat, une culture et des traditions.
Au fil de votre visite, vous découvrirez non seulement la totalité du processus de transformation du chanvre, mais aussi les coutumes locales. En effet, le travail du chanvre revêt une valeur historique et culturelle importante pour les Hmong et notamment les femmes. Les jeunes filles apprennent à tisser et à broder dès leur plus jeune âge, un art transmis par les mères et les grand-mères. On dit que pour attirer le meilleur prétendant et donc le meilleur des maris, la femme Hmong se devait de confectionner les plus beaux habits pour l’homme de leur vie et sa famille. Les mères ont par ailleurs depuis toujours la coutume d’offrir en dot leurs jupes aux broderies à la fois somptueuses et délicates. Ce sont ces mêmes jupes qui seront leur dernier costume, à leur enterrement.
Vous apprendrez aussi que les motifs brodés ou révélés par le batik ne sont pas là uniquement pour faire joli, mais ont valeur de symbole. Reconnaitrez-vous ceux représentés dans ce mini-tableau ?
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Patte d’éléphant |
Escargot |
Queue de dragon |
Corne de bélier |
Paysage |
Des graines |
Il faut plus de 20 étapes pour obtenir un produit fini. De la culture de la parcelle, que la jeune fille reçoit à sa majorité, la récolte, le séchage, jusqu’au tissage ou à la teinture à l’indigo, vous découvrirez chacune des étapes complexes et fascinantes. Vous serez certainement surpris et admiratif de voir comment avec une planche et un rouleau, avec un peu de cire d’abeille et beaucoup d’énergie, on peut rendre un tissu souple, lisse et brillant. Et que direz-vous devant les bains complexes d’eau bouillante avec de la cendre et de la cire d’abeille, pour assouplir et traiter les fibres de chanvre ? L’étape de teinture à l’indigo est toujours un spectacle fascinant pour le visiteur : découvrir que l’indigotier, ça existe (!), qu’une certaine de ses parties est préparée pour donner de la teinture, met toujours une moue de surprise sur les visages ! Quant à la technique de tissage des femmes H’mong, elle est tout simplement unique, car elles utilisent un métier à tisser dit « à la ceinture ». Tellement unique que les hommes sont interdits de séjour dans la salle de tissage : ils pourraient dit-on, par leur seule présence, casser le fil. Et que dire de la minutie et de la patience indispensables au batik ! Nous vous laissons découvrir l’ingéniosité et l’habileté extraordinaire de ces artisans du bout du monde lors de votre prochaine découverte de Ha Giang.
Vous terminez la visite-découverte par une halte dans la petite boutique coopérative, dans laquelle vous admirerez la diversité et la richesse des objets façonnés et où vous trouverez certainement quelque cadeau tout à la fois joli, séduisant et éthique à (vous) offrir.
Les H’mong préfèrent le chanvre au coton parce qu’il est légèrement plus résistant que ce dernier ; mais surtout, ils croient que le chanvre « connecte » les vivants aux esprits, comme une sorte de lien entre ce monde et le monde spirituel. Le chanvre aurait cette capacité à guider le défunt vers ses ancêtres…
Comme nous vous le disions en préambule, visiter le village de Lung Tam, ce n’est pas faire du tourisme, c’est, peut-être, dans une certaine mesure, toucher à une spiritualité du quotidien qui nous dépasse…