7 300 m2 d'abord baptisés "Galerie des atrocités américaines" puis "Galerie des Crimes de Guerre américains et chinois" pour enfin porter le nom actuel de "Musée des vestiges de la guerre à Saigon". 7 300 m2 de souvenirs. Comme un appel à la paix dans le monde.

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C'est probablement un des musées les plus visités de la ville. Un site devenu un incontournable de tout voyage ou séjour dans le Sud-Vietnam. Il est pourtant très violent dans ses évocations de la barbarie de la guerre. A ce propos, si vous voyagez avec des enfants, nous vous conseillons de visiter plutôt le Palais de la Réunification, qui permet – si vous le souhaitez – d'aborder la guerre et ses conséquences d'une façon nettement moins brutale.
Féru d'histoire ou non, si vous voulez comprendre le Viet Nam contemporain, il est tout simplement indispensable de venir ici. Guerre d'Indochine, contre les Américains ou encore – moins connue peut-être – guerre contre la Chine, 7 300 m2 pour tenter de raconter l'inexplicable, ses horreurs et ses conséquences. Le musée des vestiges de la guerre à Saigon ouvert en 1975 puis rénové et reconstruit entre 2002 en 2010, relate vingt années de guerre subies par les Vietnamiens entre la déclaration d'indépendance du Viêt Nam par Ho Chi Minh en 1945 et la chute du régime de Saigon en 1975 : conflit engagé en Indochine par les Français après la Seconde Guerre mondiale et qui s'est achevé par la défaite de Diên Biên Phu en 1954, conflit entre le gouvernement du Sud-Viêt Nam et des rebelles communistes, l'un lourdement soutenu par les Etats-Unis et l'autre par le gouvernement communiste du Nord-Viêt Nam (1963-1975) et il n'oublie pas l'épisode contre la Chine, 17 février au 16 mars 1979.
Dès l'entrée, le ton est donné : blindés, bombes, armes en pagaille et même une guillotine accueillent le visiteur. Tout l'extérieur du bâtiment est consacré aux engins de guerre Made in USA. Sur le côté gauche de la zone à l'extérieur du Musée, il y a une reconstitution des cellules d'internement connues sous le nom de Cage à tigre, tristement célèbres à Con Dao ou sur l'ile de Phu Quoc. Outre les atrocités et les méthodes de torture employées, on découvre les événements et les personnages qui ont marqué ces lieux. Les rares qui ont survécu ont des séquelles terribles.
La guerre du Vietnam se distingue de beaucoup d’autres par deux points : la cruauté des protagonistes et la couverture médiatique ("La guerre dans son salon" a-t-on pu lire à l'époque).

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Les estimations basses évoquent la mort de 1,5 millions de vietnamiens civils et militaires. Et plus de 58 000 américains. Mais le chiffre plus effarant de cette guerre, c'est le nombre de bombes que l'armée américaine a largué entre 1965 et 1973 : près de 7 millions de tonnes de bombes sur le Vietnam, soit deux fois plus que durant toute la Seconde Guerre mondiale ! Et 595 000 tonnes sur le Japon, histoire de faire bonne mesure. Sans parler de l'agent orange ou des bombes incendiaires – le tristement célèbre napalm.
En visitant le rez-de-chaussée, consacré aux affiches de propagande anti-guerre et à la communication autour de la guerre dite du Vietnam – contre les américains, donc – on se rend compte que l'immense majorité des civils de tous pays y étaient opposée. Ce niveau insiste sur l'aide internationale qui a œuvré à éradiquer les conséquences encore létales aujourd'hui.
Premier étage, c'est les photos. Remarquable travail des reporters de guerre, leur implication, jusqu’à en mourir (Robert Capa est mort en 1954 à Thai Binh). Clichés de journalistes, de correspondants de guerre, évocations terribles des massacres. La barbarie telle qu'en elle-même. La souffrance est partout, en noir et blanc, intemporelle, terriblement poignante. Mais la solidarité et l'entraide aussi. Ames sensibles, s'abstenir.
Le pire est à venir avec la salle orange. Une pièce entièrement consacrée à ce défoliant hautement toxique et cancérigène. L’Académie nationale des sciences des États-Unis estime aujourd'hui que près de 80 millions de litres de ce défoliant ont été déversés. Cet épandage a tué 20 % des forêts du Sud Viêt Nam et empoisonné 400 000 hectares de terrain agricole. A la fin de la guerre, l'armée américaine avait même mis au point l'agent Super Orange, encore plus dangereux. Non seulement ce défoliant a fait des ravages sur les populations et les forêts, mais il continue de tuer massivement, ayant infiltré les nappes phréatiques. On estime entre 2 et 5 millions de Vietnamiens qui ont été directement exposés aux herbicides entre 1961 et 1971. Dans cette salle orange, qui fait froid dans le dos, vous pouvez lire des témoignages de familles qui longtemps après la fin de la guerre subissent toujours les effets dévastateurs de l’herbicide. Elles voient naître leurs enfants avec de multiples malformations. Il n'est pas rare d'en croiser au détour d'un carrefour, dans Ho Chi Minh.

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Beaucoup de visiteurs sortent de cette salle les yeux rougis de larmes. (D'ailleurs, une garderie a été prévue pour que les familles puissent venir à cet étage sans avoir à infliger son terrible spectacle aux plus jeunes).
C'est à peine si la partie exposant des photos "avant/après" aura mis un peu de baume au cœur. Il s'agit de photos prises pendant la guerre, mises en vis-à-vis avec le même lieu, mais aujourd'hui.
A l'étage suivant, on peut voir des photos de presse faite par des journalistes américains et japonais, des dessins d'enfants sur leur vision de l'agent orange mais aussi leurs peintures sur la paix dans le monde… Le pire est passé, mais la tête est ailleurs.

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Des images, des textes et des scènes difficiles à regarder sans pleurer mais néanmoins indispensables pour comprendre le pays et ce que vivent les Vietnamiens, encore aujourd’hui, plus de quarante ans après la fin du conflit. Une visite dont on ne sort pas indemne.
Notes : Le musée des vestiges de la guerre à Saigon passe sous silence les atrocités perpétrées par les forces communistes. (Ne serait-ce que mentionner le 29 janvier 1968, à Huê, où, dans le cadre de l'offensive du Têt, les Nord-Vietnamiens ont massacré plus de deux mille cinq cents habitants).
La visite prend un sens plus "déroulé historique" en démarrant la visite du point numéro 1 situé… au 2ème étage.
Vous pouvez coupler cette visite du musée des vestiges de guerre à Saigon avec celle des tunnels de Cu Chi.
Adresse : 28 Vo Van Tan Ho Chi Minh-Ville
Prix : 40 000 VND
Périodes d'ouverture :
Le musée est ouvert tous les jours, y compris les week-ends et les jours fériés de 7h30-12h, 13h30-17h
Comptez 2 heures de visite.
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