Etabli il y a des siècles, ce pittoresque village situé dans les environs de Hanoi est un des plus anciens villages pratiquant la sériciculture et le tissage de la soie
A 8 km au sud-ouest de Hanoi, soit une demi-heure de moto depuis centre-ville de la capitale, vous trouverez Van Phuc sur les rives de la Nhue Thi. Il vous suffit de suivre l’axe Nguyen Tai-Ha Dong via Le Van Luong - To Huu et une fois le pont Am franchi, vous êtes déjà arrivé. Si possible, y aller en semaine, pour éviter les foules du weekend. Notez également que le village organise chaque année son festival – généralement pendant la première quinzaine de novembre, l’occasion de découvrir Van Phuc sous son jour le plus coloré. Si vous hésitez, pensez à contacter une agence de voyage basée sur Hanoi qui vous proposera déplacement et visite si besoin (la visite pouvant se faire assez rapidement, vous pouvez enchainer avec un autre village traditionnel).
Tout à la fois échoppes, ateliers et musée vivant, ce village pittoresque a gardé son banian sous lequel se tient le marché, son puit, sa maison communale et héberge environ un millier de ménages, dont 90 % sont impliqués dans la production et le commerce de la soie.
Sans qu’on sache vraiment la part de légende et la part historique, il est rapporté qu’il y a environ 1 200 ans, A La Thi Nuong, une femme originaire de Van Bao et réputée pour son habileté au tissage de la soie, a séjourné ici et a transmis aux villageois sa science et son art. Depuis, elle est vénérée comme génie tutélaire de Van Phuc. À l'époque de la dynastie Nguyen, la soie de Van Phuc était apportée à la citadelle impériale de Hue pour confectionner des vêtements pour les membres royaux. Plus récemment, les soieries de Van Phuc ont fait sensation aux foires internationales de Marseille (en 1931 et 1932), les colons les considéraient d’ailleurs comme le produit le plus luxueux et le plus délicat de l’Indochine française. De nos jours, le village produit jusqu’à 3 millions de mètres carré de soie par an et exporte un peu partout dans le monde.
Qu’on l’appelle village de la soie de Van Phuc ou village de la soie de Ha Dong, c’est la même porte impressionnante qui accueille le visiteur. Située dans la rue To Huu, vous ne pouvez manquer cet ouvrage majestueux tout en briques rouges, construit dans le style traditionnel. Sur le côté, la stèle de pierre rappelle que nous sommes bien au village de la soie de Van Phuc (Lang : village – Lua : soie). Ensuite, on suit la rue Van Phuc, relativement récente, mais rapidement devenue la coqueluche des jeunes citadins en quête de selfies romantiques et des visiteurs qui trouvent sur ce tronçon d’une centaine de mètres, un décor coloré et surprenant : des centaines de parapluies chatoyants couvrent toute la route bordée de boutiques de soie, créant un spectacle chamarré, gai et romantique. Un peu plus loin, vous trouverez un plan du village et ses centres d’intérêt.
Et puis bien sûr, il y aura la visite des boutiques, la découverte du tissage de la soie ; certains ateliers ayant gardé les métiers à tisser de leurs parents, vous pouvez vous retrouver à voyager dans le temps… La soie du village de Van Phuc est réputée douce, belle et résistante. Les motifs sont multiples, souvent symétriques avec des lignes épurées et gracieuses. On pourrait les classer en 4 catégories, les motifs ayant les animaux pour inspiration, ceux représentant le monde végétal, d’autres puisant dans les objets du quotidien ou seulement jouant sur les graphismes. Certaines soieries ont des motifs floraux qu’on ne voit qu’à contre-jour, ce qui demande un savoir-faire d’exception. A ce propos, les artisans doivent suivre plusieurs étapes pour confectionner un produit fini d’exception : tout d’abord filer la soie, puis il y a l'encollage, le tissage, la teinture, le séchage... Chaque étape demande une attention constante, de la minutie et un coup de main que seule l’expérience et la pratique peuvent donner. L’amateur de belles choses ne s’y trompe pas : malgré l’afflux de soies de mauvaise qualité venant de Chine, il se tournera toujours vers la qualité, la beauté et l’amour du travail bien fait. Vous trouverez de la soie en boutique, bien sûr, mais aussi sur le marché à la soie de Van Phuc. Les ateliers de tissage et de teinture se trouvent derrière celui-ci.
Juste à gauche de la porte du village de Van Phuc, vous verrez l'ancienne pagode Van Phuc. L’édifice présente tous les traits caractéristiques d’une pagode du Nord, avec l'ancien banian, le plan d’eau aux lotus et même un petit pont couvert.
On le sait peu, mais Ho Chi Minh a séjourné à Van Phuc en 1946, avant de se rendre dans les régions montagneuses du Nord pour construire une base de résistance antifrançaise. Passé le pont de bois, le chemin est balisé, faisant halte au temple commémorant le Père de la Nation et d’autres figures héroïques, jusqu’à son lieu de villégiature d’où il a lancé son appel à la résistance. Cette maison a été construite dans les années 1940 par Nguyen Van Duong, un villageois de Van Phuc qui vivait du tissage de la soie. Il l’a conçue dans un mélange de style français et vietnamien. On y trouve également des objets en rapport avec la soie et la vie quotidienne du village.
Quant au chemin bordé de bambous, il mène à l'ancien jardin de mûriers - où autrefois les villageois exerçaient le métier d'éleveur de vers à soie.